Avec une superficie de 35.971,99 km², le Sud-ouest représente près du quart du territoire national pour une population de près de 600.000 personnes, soit près de 17 habitants au km². C’est que ce territoire est dans sa plus grande partie pré-désertique ou carrément désertique dans ce qu’on appelle le Sahara tunisien. Il est cependant ponctué de très belles poches de verdure que sont les oasis qui parsèment sa frange nord qui va de Gafsa à Gabès et autour de ces grandes dépressions salées que sont Chott el Gharsa, Chott el Jérid et Chott el Fejjej, ces deux derniers coupant la Tunisie en deux, de la frontière algérienne au golfe de Gabès.
Sur son flanc ouest, le Sud est bordé par la frontière algérienne sur plusieurs centaines de kilomètres et, à l’est, par la frontière libyenne qui rejoint la précédente à l’extrême pointe sud de la région et du pays, à hauteur de la localité de Borj el Khadhra.
Le Sud-ouest est un et multiple. Au nord de la ligne des chotts, c’est l’aridité caillouteuse des derniers hauts plateaux où s’étirent les ultimes émergences de l’Atlas saharien venu d’Algérie. C’est un monde ocre avec quelques taches de verdure, des oasis claire semées et de nouveaux périmètres de cultures irriguées ou sous serres. L’olivier, jadis cultivé dans les oasis, entreprend ces dernières années d’y conquérir de nouveaux espaces en compagnie de nouvelles espèces, tel l’amandier ou le pistachier. D’immenses gisements phosphatiers font du « bassin de Gafsa » le principal centre minier de Tunisie à l’origine de la création des localités de Métlaoui, Redeyef, Moularès et Mdhilla implantées sur d’anciennes terres de parcours des H’mâmma qui se sont sédentarisés ici à la faveur de cette reconversion.
Gafsa est le chef-lieu de cette partie du Sud. La ville a grandi et a été dotée de tous les attributs d’une grande cité : radio régionale, facultés et instituts, hébergement de standing, aéroport, etc. Elle développe une vocation touristique grâce à la beauté et la diversité de ses paysages naturels, à son patrimoine historique (musée archéologique, vestiges et monuments à l’intérieur même de la ville, site antique de Sidi Aïch), à ses espaces culturels et de loisirs, à ses villages berbères de montagne, à l’artisanat du tissage ancestral dans le jebel Orbata, etc.
Deux modes de vie
A l’ouest de la ligne des chotts, c’est la frange orientale du Grand Erg saharien qui vient achever ici sa course vers l’est dans un grand déferlement de vagues dunaires. Deux modes de vie ont cohabité dans cette région : le nomadisme et la sédentarité. Les nomades pratiquaient l’élevage et le commerce, tandis que les sédentaires s’adonnaient à l’agriculture dans les oasis où ils ont développé de véritables foyers de civilisation millénaire qui se reflète dans la vie de tous les jours, les techniques agricoles, l’artisanat, l’architecture et la vie culturelle et spirituelle. Les villes de Nefta et Tozeur de même que Kébili l’Ancien peuvent, à cet égard, être considérées comme de véritables capitales régionales. Mais, dès le premier tiers du siècle passé, les pasteurs ont commencé à se sédentariser et à adopter le mode vie citadin tout en poursuivant l’élevage, en particulier celui des dromadaires désormais confiés à des pasteurs.
Aujourd’hui, toute la région vit surtout de l’agriculture. Une agriculture intensive rendue possible par le « miracle oasien » qui permet, grâce à un travail méthodique des sols et à un arrosage abondant, de pratiquer la culture sur trois étages : dattes au sommet, autres fruits à une strate intermédiaire, maraîchages et légumes au niveau du sol. Dans les intérieurs, outre les tâches ménagères, les femmes s’adonnent à des activités artisanales, en particulier le tissage des précieux burnous en laine ou en poils de chameau, des hrèms ou tuniques masculines réputées, des couvertures, des bandes en laine et poils de chèvre pour la confection des tentes, etc. Les hommes fabriquent divers articles en vannerie : couffins, chapeaux de paille, couvercles pour grands plats, etc.
Outre ces activités, le tourisme est en voie de s’imposer comme troisième pôle de développement dans cette région qui regorge de ressources. Le produit saharien est fortement attractif et les infrastructures (aéroport international à Tozeur, zones touristiques à Tozeur, Nefta, Kébili, Douz et Ksar Ghilène, musées, parcs de loisirs, campements et relais) viennent au renfort d’activités aussi nombreuses que diversifiées qui mêlent découverte et aventures.
La cuisine n’est pas en reste. Elle offre un vaste choix de plats régionaux typiques que l’on peut déguster dans les restaurants.
Le développement économique aura été tardif dans cette partie du pays, mais celle-ci peut se consoler de ne pas avoir été ainsi altérée par l’industrialisation qui a défiguré bien d’autres régions et d’avoir gardé intactes ses chances en vue d’un développement plus harmonieux.
Tahar Ayachi
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